Michele Cannizzo

Dans l'aube limpide du mercredi 23 janvier 1957, un rayon de lumière tendre éclaire ma jeune figure émergente. Tel un éveil hors des ténèbres de la caverne de Platon, je prends mes premiers pas sur le théâtre de ce monde.
C'est une journée d'exception où, sous l'œil bienveillant de Dieu, mes parents échangent des regards émus et se laissent emporter par l'émerveillement de ma naissance chez les Cannizzo.
Déjà trois ans se sont écoulés, trois années empreintes de jeux et d'innocence partagés avec Brick, mon fidèle compagnon, celui qui fut mon guide dans les méandres de ces premiers instants. Bientôt, notre existence s'ébranlera, laissant derrière nous la chaleur d'une maison de bois pour embrasser les rigueurs d'une nouvelle demeure de béton.
À treize ans, déjà captif des bancs de l'école, je m'égare dans les dédales de l'adolescence naissante, où chaque remarque, notée sur le parchemin de mon cahier de correspondance, résonne comme une ombre fugace. C'est l'époque des jeux innocents, des folies partagées avec mes pairs, dans un ballet d'insouciance et de désobéissance passive, où les buissons de l'école deviennent le refuge de nos escapades tumultueuses. Des écorchures aux genoux, des égratignures sur l'âme, chaque pas dans cette jeunesse en ébullition laisse une empreinte ineffaçable. On me murmure alors que si je ne trouve pas refuge dans les arcanes du savoir, ma destinée sera celle d'un maçon ou d'un balayeur, condamné aux rigueurs de la vie laborieuse.
C'est ainsi que je me lance dans l'apprentissage de la mécanique générale, avide de conquérir les secrets des engrenages et des rouages. Mais un soir, sur le chemin de ma destinée, un bus des transports en commun vient faucher mes rêves naissants. Dans l'obscurité étouffante de l'accident, je lutte pour retrouver le fil ténu de la conscience, me réveillant aux côtés d'un inconnu, dans un décor de machines et de tubes, où les blouses blanches virevoltent telles des silhouettes fantomatiques. Et c'est dans ce labyrinthe de machines et de souffrances que le verdict tombe, implacable : "Tu ne verras plus de ton œil droit." La maçonnerie a pris le dessus, fracassant mon destin d'une cruelle ironie, me condamnant à embrasser les métiers de la mécanique et de la plomberie.
Dans les méandres tumultueux de la vie, j'ai croisé le chemin de Dominique, venue des terres lointaines d'Algérie pour offrir à Mulhouse deux âmes lumineuses. Elle fut ma première égérie, avant que d'autres ne viennent tisser les fils de mon existence. Aujourd'hui, alors que les années se sont écoulées telles des grains de sable dans l'horloge du temps, je me laisse bercer par le murmure de la poésie, née de la rencontre fortuite avec un couple d'amis en quête d'un écrivain pour donner vie à leurs concerts.
L'écriture est venue à moi cette nuit de septembre 2017, donnant naissance à un recueil en mai 2023, tandis qu'une symphonie invisible s'organise dans les recoins de mon âme tourmentée. Et maintenant, alors que je contemple le chemin parcouru, je me prépare à accueillir sur ma route un être d'exception, dont l'existence a pris forme dans les méandres de mon imagination.
L'affaire est à suivre...